La pollution par les pesticides

L’agriculture intensive, largement répandue, utilise de nombreux pesticides afin d’accroître ses rendements. Les plantes, fleurs et fruits présents sur les parcelles sont donc porteurs de ces pesticides, un terme générique qui rassemble les insecticides, les herbicides, les parasiticides et les fongicides. Par définition, les pesticides ont pour but de lutter contre les nuisibles. Or, par définition également, les abeilles sont amenées à butiner les fleurs afin qu’elles se reproduisent entre elles ; et les abeilles sont de petits insectes, d’environ 9 à 13 mm pour les butineuses et pesant de 60 à 80 mg. Leur constitution les rend donc très vulnérables aux ingestions de substances chimiques, car il suffit d’une dose très faible pour les contaminer.

Un poison pour les abeilles

A l’heure actuelle, environ 5 000 pesticides sont commercialisés ; la communauté scientifique dans son ensemble en a conclu qu’ils jouent une part importante dans le déclin des abeilles. Le contact direct est évidemment toxique, ainsi que le contact répété à faible dose – même les fabricants de pesticides ne le nient pas – mais les résidus sont également létaux pour les abeilles, lorsque l’on compare l’échelle entre la puissance des produits chimiques et la taille de ces corps d’insectes. Même si l’abeille n’est pas en contact direct avec la fleur en elle-même, des résidus se retrouvent dans le pollen, le nectar et l’eau des plantes traitées, ce qui multiplie les risques.

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Les pesticides systémiques

Les plus dangereux de ces pesticides sont dits systémiques car ils pénètrent l’intégralité de la plante pour la traiter dans son entièreté, et sont cent fois plus toxiques que leurs concurrents. C’est le cas des insecticides les plus vendus au monde, les néonicotinoïdes : trois d’entre eux, notamment, sont connus pour être particulièrement dangereux. L’imidaclopride, le thiaméthoxame et le clothianidine sont redoutables contre les abeilles ; 0,5 mg d’un de ces insecticides peut décimer jusqu’à 80 000 abeilles.

Le cas des monocultures

L’impact néfaste du développement des monocultures est également à relever. Les abeilles s’épanouissent dans des milieux où la biodiversité règne ; quand la pluralité des plantes et des fleurs à butiner tend à disparaître, les abeilles se rabattent sur d’autres cultures. Il a été observé que les abeilles vont désormais butiner dans les vignes et dans les champs de céréales, deux cultures lourdement traitées aux pesticides. Un autre effet pervers dans l’utilisation de pesticides, est que certaines plantes génétiquement modifiées développent leurs propres insecticides. Les abeilles, qui peuvent s’aventurer jusqu’à 4 kilomètres autour de leur ruche, peuvent donc être en contact avec de nouveaux pesticides « uniques », et pire, peuvent alors être involontairement responsables de leur propagation via la pollinisation.

Les effets sur les abeilles

Les conséquences, pour les abeilles, sont multiples et dramatiques. L’effet des produits chimiques sur leurs constitutions entraîne des affaiblissements de défenses immunitaires ainsi que des retards et des ralentissements de développement, voire des malformations, qui peuvent contaminer la ruche entière. Les pesticides brouillent également d’autres repères : les abeilles peuvent être sujettes à des pertes d’orientation et ne jamais retrouver le chemin de leur ruche, et perdre leur capacité à reconnaître les fleurs entre elles.